Nutrition chez le brûlé - Points Clés / Recommandations
- Détails
- Catégorie : Recommandations
- Mis à jour : vendredi 6 octobre 2017 13:27
Ces éléments sont issus des Recommandations Formalisées d’Expert sur la nutrition du brûlé grave1 et de la Table Ronde du congrès SFB de 2015 consacrée à la Nutrition du Patient Brûlé2.
1- GENERALITES
- La nutrition doit être débutée précocement (Grade B/accord fort)
- La nutrition doit être donnée en priorité par voie entérale (grade C/accord fort)…le cas échéant par gastrostomie
- Utiliser, tant chez l’enfant que chez l’adulte, les stratégies non nutritionnelles qui permettent de réduire l’hypermétabolisme et l’hypercatabolisme (grade B/accord fort). Ces stratégies sont les suivantes :
- Excision chirurgicale précoce
- Température ambiante suffisante
- Analgésie efficace
- Béta bloquants
- Oxandrolone
- Tenir compte des apports caloriques occultes (propofol / solvants glucosés…) ou les éviter
- Tenir compte des interruptions imprévues de l’apport nutritionnel (bloc opératoire, intolérance digestive…) ou des évènements limitant l’apport (diarrhées…) et chercher à les éviter le plus possible.
- Les indices cliniques et les marqueurs biologiques permettant d’évaluer l’état nutritionnel sont peu fiables chez le brûlé. L’indice le moins mauvais serait la préalbumine (>0,25g/l).
2-ASPECTS QUANTITATIFS
- La calorimétrie est la méthode de référence pour évaluer les besoins caloriques (grade D/accord faible)
- Si le recours à la calorimétrie n’est pas possible il faut utiliser l’équation de Toronto pour les adultes et le protocole de Schofield pour les enfants (grade D/accord faible).
- Les apports doivent correspondre à 100-110% de la mesure sans dépasser 110%.
- Critères de réalisation de la calorimétrie :
- Temps de mesure le plus long possible et > 30mn
- Neutralité thermique
- Patient stable
- Ventilation stable et sans fuites
- FiO2 < 60%
- Pas d’humidificateur chauffant (remplacer par un échangeur de chaleur et d’humidité)
3-ASPECTS QUALITATIFS
- GLUCIDES :
- ils doivent représenter 55-60% de l’apport énergétique total (sans excéder 60%) et sans dépasser 5mg/kg/mn tant chez l’adulte que chez l’enfant (grade D/accord fort).
- il convient de stabiliser la glycémie entre 4,5 et 8mmol/l, à l’aide d’une perfusion continue d’insuline (grade D/accord fort).
- LIPIDES :
- Il faut évaluer la part lipidique de l’apport nutritionnel et faire en sorte que les lipides ne dépassent pas 35% de l’apport calorique total (grade C/accord faible). Dans l’idéal ils devraient représenter 10-20% de celui-ci.
- Les solutions doivent être composées de triglycérides à chaine moyenne et d’acides gras polyinsaturés type oméga 3.
- PROTEINES :
- Les besoins protidiques sont plus importants chez le brûlé que chez toute autre catégorie de patients et devraient s’établir sur la base de 1,5 à 2g/kg/jour chez l’adulte et de 1,5 à 3g/kg/jour chez l’enfant (grade D/accord fort).
- Il est utile de supplémenter en glutamine sur la base de 30g/jour (0,25g/kg/jour) ou de son précurseur l’oxoglurate d’ornithine (CETORNAN®).
4-MICONUTRIMENTS
- Ils doivent être administrés dès l’admission et jusqu’à la cicatrisation
- VITAMINES :
- Les patients (enfants et adultes) doivent être supplémentés en vitamines B1, C, D et E (grade B/accord fort)
- Les besoins sont estimés plus importants que chez le sujet sain, d’un facteur 2 à 5
- Les apports en vitamine D doivent être augmentés de manière significative
- ELEMENTS TRACES :
- Les patients (enfants et adultes) doivent être supplémentés en zinc, cuivre et sélénium (grade B/accord fort)
- Chez l’adulte les besoins sont estimés à : Zn=30mg/jour, Cu=3mg/jour et Se=300 à 500mg/jour
5-ADJUVANTS
- HORMONE DE CROISSANCE (rhGH) :
- Il est recommandé d’utiliser la rhGH chez l’enfant brûlé sur plus de 60% de la surface corporelle (grade B/accord faible)
- Cette recommandation n’est pas validée chez l’adulte (grade B/accord faible)
- BETA BLOQUANTS (propranolol) :
- Son emploi est à considérer dès la fin de la phase aigue (à partir de la 2e semaine)
- Posologie= 10g x 3/jour (0,5 mg/kg/jour)
- OXANDROLONE :
- L’oxandrolone est un anabolisant non virilisant (utilisable quelque soit le sexe)
- Son emploi serait très intéressant3
- Le produit n’est disponible qu’après autorisation (ATU en France - ANSM / ASU en Suisse - Swissmedic)
- Surveiller la fonction hépatique
1Rousseau A-F, Losser M-R, Ichai C, Berger MM. ESPEN endorsed recommendations: Nutritional therapy in major burns. Clinical Nutrition. août 2013;32(4):497‑502.
2Ravat F, Le Floch R. 35e congrès SFB, table ronde “nutrition”: transcription des communications. Annals of Burns and Fire Disasters. décembre 2015 ; 28 (4):296-309.
3Wolf SE et al. Effects of Oxandrolone on Outcome Measures in the Severely Burned: A Multicenter Prospective Randomized Double-Blind Trial. J Burn Care Res 2006; 27:131-139